oncologie
15e réunion scientifique annuelle de la Society for Neuro-Oncology (SNO)
Les agents anti-inflammatoires pourraient réduire le risque de gliomes
Montréal – La notion de chimioprévention laisse entendre que l’administration de médicaments ou la consommation de certains aliments ou substances phytochimiques pourraient permettre de prévenir le cancer ou d’en empêcher l’évolution. Or une étude primée lors de la réunion de la SNO de cette année a révélé qu’il pourrait être possible de prévenir les tumeurs cérébrales grâce aux statines et aux AINS.
La prévention du cancer ou de l’évolution de cette maladie chez les personnes qui y sont particulièrement exposées, voire dans l’ensemble de la population, au moyen de l’administration de médicaments ou de la consommation de divers aliments ou substances phytochimiques suscite de plus en plus d’intérêt.
Se consacrant à cette avenue de recherche, des chercheurs se penchent tout particulièrement sur le rôle de l’inflammation dans l’apparition du cancer. Ils tentent notamment de débrouiller les nombreux mécanismes qui font probablement en sorte que l’inflammation favorise la formation des tumeurs ou leur persistance, et de voir si les médicaments connus pour atténuer l’inflammation pourraient aussi réduire le risque de cancer. Par exemple, de nombreuses études ont démontré que l’acide acétylsalicylique (Aspirin®) et d’autres antiinflammatoires non stéroïdiens (AINS) pouvaient réduire le risque de cancer colorectal et peut-être d’autres types de cancer aussi. Il n’en demeure pas moins qu’il faudra pousser la recherche sur la sélection des patients et la posologie optimale. Certains des bienfaits exercés à ce chapitre par les statines pourraient aussi s’expliquer par l’activité anti-inflammatoire de ces médicaments.
Étude pilote
La chimioprévention des tumeurs cérébrales dévastatrices à l’aide de médicaments dotés de propriétés anti-inflammatoires ou immunomodulatrices pourrait être possible.
Il est ressorti d’une étude cas-témoin que la chimioprévention de tumeurs cérébrales dévastatrices à l’aide de médicaments dotés de propriétés anti-inflammatoires ou immuno-modulatrices pourrait être possible. Cette étude pilote, dont les résultats ont été présentés lors de la réunion de la SNO de cette année, a été réalisée par la Dre Rose Lai et ses collègues de l’Université Columbia, à New York, et de l’Université de Californie, à San Francisco.
Après avoir évalué 200 cas et 400 témoins, ces chercheurs en sont venus à la conclusion que la prise d’une statine pendant plus de 6 mois réduit le risque de gliome malin de 20 % (RRA = 0,8; IC à 95 % : de 0,6 à 1,1). La simvastatine, qui traverse plus facilement la barrière hémato-encéphalique que les autres statines, a produit l’effet le plus notable. À preuve, elle a entraîné une baisse du risque significative de 50 % (RRA = 0,5; IC à 95 % : de 0,3 à 0,8). La prolongation de l’utilisation de ce produit s’est traduite par un effet protecteur encore plus marqué (analyse des tendances : p < 0,01).
Lors d’une étude différente, quoiqu’apparentée, les chercheurs ont constaté que l’emploi d’AINS pendant plus de 6 mois avait diminué le risque de gliome de 50 % (RRA = 0,5; IC à 95 % : de 0,4 à 0,7).
Prochaines étapes
De nouveaux travaux de recherche s’imposent pour confirmer ces observations et déterminer comment ces médicaments exercent leurs effets chimiopréventifs et quels sont les sujets susceptibles de tirer avantage de leur utilisation. La Dre Lai et ses collaborateurs projettent de vérifier si le polymorphisme génétique des gènes codant pour la voie HMG-CoA réductase, la Rho GTPase et la Ras GTPase, pourrait être un facteur modificateur en matière de traitements par les statines. Au final, leurs travaux permettront peut-être de sélectionner les sujets ayant le bilan génétique qui fera d’eux de bons candidats pour la chimioprévention.