Gastroentérologie
Semaine des maladies digestives – 2012
Un sondage national révèle que la plupart des utilisateurs d’IPP n’obtiennent pas un soulagement suffisant
San Diego – Selon un important sondage mené aux États-Unis à la demande de l’American Gastroenterological Association (AGA), moins de la moitié des patients atteints de reflux gastro-œsophagien (RGO) obtiennent un bon soulagement de leurs symptômes avec l’inhibiteur de la pompe à protons (IPP) qui leur a été prescrit. Ce sondage a en effet révélé que 55,3 % des patients continuaient d’éprouver des symptômes suffisamment intenses pour leur empoisonner la vie et que leurs symptômes persistants constituaient un frein à leurs activités quotidiennes contrairement aux patients bénéficiant de bons résultats.
« Une série d’études récentes a montré qu’une proportion importante de patients atteints de RGO et traités par un IPP continuent d’éprouver des symptômes, mais ce sondage porte à croire que les lacunes des schémas thérapeutiques types pourraient être encore plus grandes dans la population générale », a déclaré le Dr Neil Gupta, de la Division de gastro-entérologie de l’Université du Kansas, à Kansas City, au Kansas. L’important sondage a été entrepris par composition téléphonique aléatoire. La première étape consistait à recenser les répondants qui se disaient atteints de RGO, c’est-à-dire souffrant de brûlures d’estomac persistantes au moins deux fois par semaine. Les répondants retenus ont ensuite participé à un sondage téléphonique structuré d’une douzaine de minutes sur leurs médicaments, le soulagement de leurs symptômes et les répercussions de ces derniers sur leur vie au quotidien. Des 1004 personnes qui se sont dites atteintes de RGO et qui ont répondu au sondage, 68,4 % prenaient un IPP. Or 55,3 % d’entre elles ont soutenu qu’elles continuaient de ressentir des brûlures d’estomac ou d’autres symptômes de reflux acide qui perturbaient considérablement leur vie. Comparativement aux personnes ayant obtenu un soulagement complet ou satisfaisant, elles étaient deux fois plus susceptibles de se déclarer limitées dans leurs activités physiques (rapport de cotes [odds ratio] : 1,98; IC à 95 % : de 1,10 à 3,31), professionnelles (rapport de cotes : 0,180; IC à 95 % : de 1,08 à 3,03) et sociales (rapport de cotes : 2,14; IC à 95 % : de 1,27 à 3,62). Notons que ces répondants étaient aussi plus susceptibles d’affirmer qu’ils parlaient de leurs symptômes de RGO avec leur médecin à chaque visite (rapport de cotes : 1,30; IC à 95 % : de 1,05 à 1,60) et qu’ils avaient l’impression que celui-ci montrait peu d’empathie ou ne se rendait pas bien compte de l’intensité de leurs symptômes (rapport de cotes : 1,95; IC à 95 % : de 1,22 à 3,13). Rien d’étonnant donc qu’ils aient été moins susceptibles que ceux dont les symptômes de RGO étaient bien maîtrisés d’être d’accord avec l’énoncé selon lequel il est possible d’éliminer les symptômes de RGO (rapport de cotes : 0,54; IC à 95 % : de 0,36 à 0,81). « Nous disposons de peu de données sur l’efficacité des IPP dans la population générale », a souligné le Dr Gupta, laissant entendre que le problème pourrait venir des traitements classiques reposant sur des doses types d’IPP. Comme le facteur pathogène principal est la production d’acide, il est essentiel de suivre les patients et de leur offrir d’autres stratégies de traitement (par exemple, de majorer leur dose d’IPP, de passer à un IPP agissant plus longtemps ou d’en augmenter la fréquence d’administration en plus d’apporter des changements à leur mode de vie, notamment la perte de poids) qui atténueront mieux leurs symptômes. « Ce sondage nous a appris que les répercussions d’une maîtrise insuffisante du RGO sont majeures dans la population générale », a déclaré le Dr Gupta. Il recommande donc une surveillance plus rigoureuse de la réaction au traitement. (Fig. 1)