Revue d’experts
Infections Urinaires : Revue d'expert et commentaires tirés de la littérature
Foire aux questions 2/3 : Le point de vue de l’obstétricien-gynécologue
Wynne I. Leung, B.Sc., M. D., FRCSC
Obstétricienne-gynécologue, Hôpital Rockyview
Professeure adjointe de clinique, Université de Calgary, Calgary (Alberta)
Foire aux questions sur les recommandations en matière de pratique clinique.
Q. L’utilisation d’un gel doté de propriétés antimicrobiennes et lubrifiantes pendant les interventions endo-urétrales est-elle une stratégie intéressante pour réduire les agressions pro-inflammatoires à la muqueuse urétrale?
R. L’emploi de gels pour faciliter l’introduction d’une sonde de Foley ou de tout autre dispositif dans l’urètre est une stratégie intéressante, mais elle reste du domaine de l’empirisme. Nous ne disposons d’aucun essai rigoureusement contrôlé qui aurait servi à comparer des gels ayant des propriétés différentes ou l’utilisation ou non de tels produits. Il n’en demeure pas moins que le recours à des agents lubrifiants pour améliorer le bien-être des patients se justifie, au même titre que l’emploi d’un gel antimicrobien pour réduire le risque d’introduction de microorganismes dans les voies urinaires. En théorie, la lubrification devrait réduire la friction sur la muqueuse tapissant l’urètre, un effet risquant de modifier les défenses de l’hôte devant l’infection. Cette façon de procéder pourrait être encore plus avantageuse pour la muqueuse délicate des femmes ménopausées. Il est souvent difficile d’empêcher la contamination par la flore vaginale durant une intervention endo-urétrale. L’utilisation d’un gel ayant des propriétés antimicrobiennes constituerait donc une stratégie envisageable parmi d’autres pour prévenir les infections urinaires.
Q. Il est à prévoir que les gels dotés de propriétés anesthésiques rendent les interventions endo-urétrales moins désagréables pour les patients, mais pourraient-ils également faciliter l’introduction des dispositifs utilisés et partant, permettre de préserver l’intégrité de la muqueuse?
R. Je le répète, l’utilisation empirique d’un gel lubrifiant doté de propriétés anesthésiques pour rendre l’intervention moins désagréable pour le patient se justifie tout à fait. L’intérêt que pourrait présenter un gel renfermant un léger anesthésique local pour réduire le risque de lésion à la muqueuse ‒ et donc abaisser le risque d’infection urinaire ‒ n’a pas encore été mesuré objectivement. Il est donc impossible de donner une réponse catégorique quant aux bienfaits cliniques de ce type de gel. Cela dit, une telle stratégie serait envisageable compte tenu des avantages qu’elle pourrait comporter pour l’amélioration du bien-être des patients, soit l’objectif principal du traitement. Mon expérience des interventions endo-urétrales chez des patients éveillés se limite essentiellement à des femmes enceintes ou fraîchement accouchées ayant du mal à uriner. L’utilisation d’un gel lubrifiant permettrait déjà de préserver l’intégrité de la muqueuse et d’atténuer la douleur, mais le soulagement encore plus marqué de la douleur apporté par un léger anesthésique local se révélerait utile en pareilles situations.
Q. Les gels lubrifiants dotés de propriétés antiseptiques et anesthésiques peuvent-ils rendre l’autocathétérisme plus agréable pour les patients qui y ont recours et faire partie d’une stratégie visant la réduction du risque d’infection?
R. Beaucoup de patients qui utilisent eux-mêmes des sondes urinaires préféreront probablement employer des gels lubrifiants parce qu’ils en facilitent l’installation. Ils pourraient également être attirés par un gel offrant une anesthésie locale et être sensibles à la possibilité que son effet antimicrobien réduise le risque d’infection urinaire. Il faut toutefois leur conseiller la prudence lorsqu’ils se servent de gels anesthésiques. En effet, les signaux sensoriels ont leur utilité pour introduire la sonde au bon endroit et avec le bon angle. L’absence de sensation chez une personne qui n’a pas l’habitude de ce geste médical pourrait se solder par des lésions accidentelles à l’urètre. L’utilisation d’un gel lubrifiant ayant des propriétés antimicrobiennes serait particulièrement intéressante dans un tel contexte, puisqu’il peut être difficile de préserver la stérilité du méat urétral tout en manipulant la sonde correctement compte tenu de l’emplacement anatomique de l’urètre. Il faudra réaliser des essais cliniques pour appuyer l’utilisation de ces gels par des données probantes, mais dans certaines circonstances, les patients pourraient trouver rassurant de pouvoir disposer de gels lubrifiants susceptibles de leur apporter des bienfaits supplémentaires en raison de leurs propriétés.
Foire aux questions 2/3 : Le point de vue de l’obstétricien-gynécologue
Foire aux questions sur les recommandations en matière de pratique clinique.
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