Revue d’experts
Infections Urinaires : Revue d'expert et commentaires tirés de la littérature
Foire aux questions 3/3 : Le point de vue du chirurgien
Rohan Lall, M. D., FRCSC, FACS
Chirurgien général et traumatologue, Professeur adjoint de clinique
Université de Calgary, Calgary (Alberta)
Foire aux questions sur les recommandations en matière de pratique clinique.
Q. Beaucoup de patients ont besoin d’une sonde urinaire à demeure après une opération chirurgicale. Le chirurgien a-t-il un rôle à jouer dans la promotion des stratégies visant à réduire le risque d’infection urinaire chez ces patients?
R. Bien sûr. Le chirurgien doit être attentif à tous les aspects des soins prodigués aux patients avant et après l’opération, qui risquent d’avoir des répercussions sur l’issue de l’intervention. L’importance croissante que prend la documentation sur la qualité des soins exige une attention encore plus grande aux complications telles que les infections urinaires. Pour que les chirurgiens et les responsables d’hôpitaux parviennent à réduire l’incidence des complications, il est primordial que tous adoptent les protocoles, les plans d’intervention et autres stratégies qui visent l’intensification de la rigueur avec laquelle les mesures préventives sont mises en œuvre. Les chirurgiens doivent savoir quels sont leurs patients qui portent une sonde urinaire et être au courant des protocoles appliqués pour abaisser le risque élevé d’infection urinaire chez ces patients.
Q. L’importance des techniques stériles pour raréfier les infections urinaires chez tous les patients qui subissent une intervention endo-urétrale, et non pas seulement ceux qui reçoivent une sonde urinaire, ne fait aucun doute. Cela étant admis, l’ajout de gels lubrifiants dotés de propriétés antimicrobiennes et anesthésiques pour réduire le risque d’infection urinaire est-il justifié?
R. Le fait que l’introduction d’un cathéter ou de tout autre corps étranger dans l’urètre soit associée à un taux élevé d’infection n’a rien de surprenant. Les corps étrangers sont de bons vecteurs; ils favorisent le transport ou la migration des bactéries et autres microbes qui colonisent ordinairement la région périanale, vers les muqueuses des voies urinaires. Les gels lubrifiants sont souvent employés pour atténuer la douleur et les traumatismes provoqués par les interventions endo-urétrales. L’idée d’y intégrer un anesthésique léger est certes intéressante. Premièrement, un tel produit permettrait de réduire encore plus la douleur qu’un gel ayant la lubrification comme unique propriété. Deuxièmement, l’atténuation de la douleur pourrait éviter la régulation positive des médiateurs de l’inflammation impliqués dans l’irritation des tissus, celle-ci étant partiellement responsable de la sensibilité aux infections. Je suis toutefois d’avis que les deux mesures les plus importantes à prendre pour raréfier les infections urinaires chez les patients qui ont besoin d’une sonde urinaire demeurent l’application de techniques stériles et le retrait de la sonde dans les meilleurs délais.
Q. En chirurgie, croyez-vous que la prévention des infections urinaires nosocomiales chez les patients devrait se situer au cœur des démarches multidisciplinaires auxquelles participeraient non seulement des chirurgiens, mais aussi des urologues, le personnel infirmier et les autres professionnels de la santé qui appliquent les plans d’intervention favorisant la réduction des risques?
R. Quand il est question de réduire rigoureusement le risque d’infection urinaire, je crois que ce qui est difficile pour les chirurgiens, et peut-être aussi pour les autres personnes intervenant dans les soins prodigués aux patients, ce n’est pas d’accepter qu’un certain pourcentage de ces infections soit inévitable. Les chirurgiens ne doivent pas seulement s’assurer de l’absolue nécessité d’installer une sonde urinaire, ce qui pourrait bien être la mesure la plus importante pour réduire le risque d’infection urinaire, mais comme nous l’avons vu à la première question, ils doivent aussi veiller à ce que les mesures qui s’imposent soient prises pour réduire le risque d’infection pendant l’installation de la sonde. Dans les services de chirurgie, la prévention des infections urinaires est habituellement confiée au personnel infirmier ou aux urologues-conseils, mais l’obtention de résultats optimaux repose sur la concertation de sorte que tout le monde rame dans la même direction.
Foire aux questions 3/3 : Le point de vue du chirurgien
Foire aux questions sur les recommandations en matière de pratique clinique.
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